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Diego Maradona : « main de Dieu » et pied gauche

Camel Boumedjmadjen
3 décembre 2020
Après Carlos Gardel, Juan et Eva Péron, Diego Armando Maradona est entré au Panthéon argentin. L’Argentine est triste, le président Alberto Fernández a déclaré trois jours de deuil national pour honorer la disparition de celui qui fut de son vivant une icône du football contemporain, mais aussi une figure symbolique de l’histoire de l’Amérique latine.
Dessin d'un jeu de ballon
Indiens jouant au ballon avec le pied

Du bidonville aux arènes européennes du football

Comme de nombreux latino-américains vénérant le football, Diego Maradona a commencé très tôt la pratique de ce sport. El Pibe de Oro  (« le gamin en or ») est né  à Lanús dans la province de Buenos Aires et a grandi dans le bidonville de Villa Fiorito dans la banlieue sud de la capitale argentine. Son talent lui ouvre les portes du prestigieux club de Boca Juniors puis le mène jusqu’en Europe où il débute une carrière internationale en intégrant l'équipe du FC Barcelone en 1982 puis celle de la Società Sportiva Calcio Napoli en 1984. Son « dribbling game » basé sur l’exploit individuel (inspiré des premiers clubs aristocratiques britanniques) fait merveille. 

Dessin d'un jeu de ballon
Indiens jouant au ballon avec le pied

Reconnaissance internationale et spectacle médiatique

Le numéro dix napolitain remporte en effet de nombreux titres, mais sa victoire la plus retentissante est celle du capitaine de l’équipe nationale d’Argentine lors de la coupe du monde de 1986. Lors de cette compétition internationale, il inscrit, à l’insu des arbitres, le premier but de la rencontre à l’aide de la main qu’il qualifie de « main de Dieu » à l’issue du match. 

Lors de sa carrière internationale et malgré ses succès, Diego Maradona développe une forte dépendance à la cocaïne dont il tente de se libérer en suivant une cure de désintoxication à Cuba en 2000. Peut-être faut-il voir dans cette lente déchéance physique le résultat d’une pratique sportive devenue un rouage mondial de l’industrie du divertissement. Le football professionnel semble avoir pris toutes les apparences et les usages du show business et suivi les dérives d’un « star system » qui, en avilissant les individus, nourrit le spectacle médiatique.

Diego Maradona : une figure latino-américaine

Pourtant, durant ces deux dernières décennies, Diego Maradona semble avoir tourné le dos à ces années de turpitudes en affichant ostensiblement sa sympathie à l’égard de Fidel Castro, du président vénézuélien Hugo Chavez ou encore d’Evo Morales. Par sincérité, par provocation (on ne compte plus les critiques, parfois officielles, que lui ont valu ses amitiés politiques), il a peut-être souhaité exprimer ainsi la douleur d’une génération marquée par les années de dictature nées du « Plan Condor ». Dans cette dernière tranche de vie, il a peut-être également pris la mesure de ce qu’Albert Camus, gardien du Racing universitaire d’Alger, nous a dit de sa pratique du football : « Tout ce que je sais de la morale, c'est au football que je le dois. »

Manioc s’est fait l’écho des enjeux géopolitiques, économiques et historiques autour du football.

Bon visionnage et bonne lecture !

Conférences 

 

Illustrations

 

Bibliographie

  • Eduardo Galeano, El fútbol a sol y sombra, Madrid ; México : Siglo veintiuno, 2003 
  • Roberto Da Matta, A bola corre mais que os homens : duas copas, treze crônicas e três ensaios sobre futebol, Rio de Janeiro : Rocco, 2006  
  • Jean-Claude Michea, Le plus beau but était une passe : écrits sur le football, Paris : Climats, 2014

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